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Dans un cheminement spirituel, qu’il soit orientaliste ou occidentaliste, souvent, on passe par des périodes où on s’éloigne un peu des réalités lourdes de ce monde : on arrête de manger de la viande, d’avoir (volontairement) des relations sexuelles, on ne parle plus de politique ou de sujets conflictuels… On a l’impression d’être un « être réalisé », vivant dans une d’extase permanente, on lévite…

Ma vie en planeur

J’ai vécu une période de ce genre : je ne pesais plus que 58 kg alors que mon poids actuel optimal est de 75. J’avais la sensation de flotter, comme porté par un courant spirituel permanent. J’avais l’impression de pouvoir dialoguer avec des êtres de nature supérieure, comme en prenant le café, j’étais bien…

Un jour, dans un lieu public, un monsieur m’a bousculé sans faire exprès, j’ai failli tomber… J’ai eu une sensation de faiblesse immense, comme si je n’avais aucun équilibre…

Et j’ai commencé à éprouver par la suite comme un besoin de densité, quelque chose de difficile à décrire… Du besoin de cette sensation qu’on peut avoir quand on enfonce, par exemple, une barre à mine dans la terre pour y creuser une tranchée…

Donc, j’ai recommencé peu à peu à manger de la viande, car j’ai constaté que c’était cette nourriture qui me donnait la plus fort cette sensation de densité dont je pensais avoir besoin. J’ai compris que les aliments avaient une énergie, une charge invisible qui passe en nous, qu’on ne mange pas uniquement pour des raisons physiologiques.

J’ai compris aussi que la qualité est importante, car la charge énergétique n’est pas du tout la même, cela si c’est un produit de terroir ou pas. Le fait d’avoir auparavant restreint mon régime alimentaire me rendait hyper sensible à cela.

J’ai commencé alors à essayer de « me relier » avec la conscience avec cette « énergie » à chaque fois que je mangeais. Même si cela m’est difficile car je suis d’une très grande voracité, et j’ai un peu de difficulté alors à ne pas me laisser dépasser par ma pulsion. On comprend mieux alors tous les rituels qu’il peut y avoir autour de la nourriture dans les différents traditions.

C’est à cette période que j’ai eu la chance et la grâce de rencontrer quelques femmes « très femmes » qui m’ont permis de me reconnecter au sexuel. J’ai compris que, de la même manière que pour la nourriture, il y a une sexualité qui peut être plus « énergétique », qu’on peut pratiquer à partir de ça, que c’est encore plus intéressant… ça rejoint ce qu’on appelle le tantrisme, même s’il y a beaucoup de dérives autour de ça aujourd’hui…

En fait, je pense que ce processus également, de ré-incarnation disons, fait partie du spirituel. Il y a le versant ascendant et le versant descendant. Ceux qui restent dans la première attitude ne comprennent qu’un volet de l’existence. J’en ai vu même assez souvent devenir l’exact inverse de ceux qu’ils prétendaient : intolérants, donneurs de leçons en permanence, jaloux comme c’est pas croyable, d’une vanité pharaonique, vindicatifs, méchants… C’est incroyable, c’est presque toujours la même histoire ! Molière aurait pu écrire des comédies là-dessus !

De la noonosphère au monde matériel

En fait, l’idée est que ce monde qui est la matrice de toute chose visible (Jean-Pierre Petit parle de « noosphère »), a besoin dans ce qu’il a de meilleur de s’incarner. Son destin, sa nature, n’est justement pas de rester dans cet état immatériel, à se regarder lui-même comme une boucle. Il veut générer des réalités tangibles.

Si on ne comprend pas ça on ne peut pas être heureux, car le monde matériel, qui est le support sur lequel les rêves prennent forme, deviendra nécessairement insupportable de par la lourdeur de ses lois.

Ce n’est qu’à son contact que ce que j’appelle les ressources, c’est à dire ces énergies ou méta-énergies en nous ou reliées à nous mais qui n’ont pas encore de formes, comme de l’or pas travaillé, par exemple, peuvent révéler leur potentiel maximal.

Ce qui est vraiment fascinant, c’est ce passage d’un monde à l’autre, le miracle. Comment et jusqu’où ce monde non physique peut-il agir sur le monde matériel, de manière lente ou immédiate ?

C’est vraiment très mystérieux. Quand, lors d’une séance avec une personne, je parviens à agir sur un nœud énergétique important, la sensation de détente est quasi immédiate. Mais comment cela agit-il ensuite sur les tissus ? Y-a-t-il une possibilité de guérison, en cas de problème physique, par exemple ?

C’est pour ça que l’Art existe, ente autres choses. Pour donner forme à des énergies, des forces qui, autrement, demeureraient à l’état non visible, vibratoire.

Chacun a en lui, semble-t-il, des ressources différentes, des énergies potentielles, qu’il a, au courant de sa vie, à matérialiser, d’une manière ou d’une autre. La solution, le support par lequel cela se réalise est souvent une énigme. Il faut trouver la discipline qui correspond le plus à cette énergie, c’est ça les vocations.

Si on ne permet pas à ses énergies de se matérialiser, en fait, on va souffrir, elles nous brûleront de l’intérieur.

Donc ceux qui lâchent toute activité matérielle ou pseudo-matérielle (comme la musique, par exemple) pour demeurer dans un soi-disant état de grâce spirituel sont complètement dans l’erreur, ils verrouillent et enferment leur vraie spiritualité.

Être humain, c’est permettre à l’esprit de de devenir matière, et ainsi de rayonner pour tous, comme un lapidaire qui taille ses pierres.