Le Seuil ou Tour de Force

Le Seuil ou Tour de Force

C’est une notion assez difficile à aborder. Elle est pourtant fondamentale dans la guérison d’un problème bien enraciné, de long terme. Le Tour de Force est un concept alchimique, représenté par la carte de la Force dans les Tarots de Marseille. Je vais y revenir.

Les insolubles

Les insolubles sont ces vieux programmes en nous dont nous avons tant de peine à nous débarrasser, et qui nous pèsent et nous font souffrir.

Un autre concept important est ce qu’on appelle les insolubles. Cela fait référence en alchimie de laboratoire aux matériaux qu’on ne peut, comme leur nom l’indique, dissoudre. Ce sont, du point de vue thérapeutique, les expériences, les forces tellement enracinées en nous qu’on ne peut s’en débarrasser, et qui pourtant nous minent, nous détruisent, créant les maladies les plus graves, les comportements les plus pathologiques. Addictions, comportements violents, perversions, tendances à l’auto-mutilation, folie… Dans le physique, cela donne les maladies, je dirais, « de sape » de l’organisme : Crohn, Sclérose en plaques, ostéoporose… Tout ce qui touche au plus profond et détruit le corps dans son essence, dans ses matières premières.

Par extension on trouve aussi des insolubles dans des problèmes moins graves, comme les douleurs chroniques long terme, les éruptions cutanées longues durées, les crises d’angoisse récurrentes…

Je suis un peu direct dans mon langage mais il ne faut pas avoir peur de l’être. Il faut regarder le problème en face.

La première chose à faire pour se débarrasser d’un insoluble est de fortifier son esprit, d’arrêter les phrases et concepts de sagesse toute faite (ce que j’appelle la sagesse au micro-ondes), fades et qu’on aime à répéter sans trop savoir ce qu’elles veulent dire pour se faire plaisir, à partager sur Facebook… Du genre : « En lâchant tout vient… », « Laisser redescendre l’énergie… », « Ici et maintenant… », « Être dans la Lumière… », « Je demeure dans la non-dualité… », « On crée sa propre réalité… », « Chacun sa Vérité… », « Tout est Vide… », « Je suis dans l’Amour… » (quand on est dans l’Amour en général on ne le dit pas ou on a du mal à le dire, puisque c’est une Force qui transcende la pensée et le langage. Et l’Amour peut brûler ou faire mal).

Il faut arrêter de se croire un être de Lumière toujours au-dessus des choses car notre chair aura raison ne nous, de toute façon; au contraire il faut rentrer dans la matière, dans le Réel.

Ces phrases viennent parfois de philosophies intéressantes, mais dénuées de leur contexte elles me semblent perdre de leur saveur.

Lorsque par exemple le Christ disait « Aimez vos ennemis », je pense qu’au fond il voulait inciter le peuple d’Israël à sortir de sa paranoïa permanente et à s’ouvrir aux autres peuples (pour ceux qui ont lu l’Ancien Testament), mais enfin nous n’allons pas entrer dans ce débat et ce n’est pas le sujet…

C’est très important car dans le cas d’une maladie sérieuse, notre état d’esprit conditionne notre guérison. Et cette guérison est forcément une lutte avec soi-même. Il faut prendre le problème à bras le corps, dans tout son poids. Lorsqu’on se réfugie derrière des phrases, (du genre justement « il ne faut pas lutter ») c’est qu’on refuse de voir le problème dans la réalité de ses formes.

C’est un peu comme quand vous enlevez des mauvaises herbes de votre jardin, parfois il faut aller au bulbe, à la racine, ce n’est pas évident, ça ne va pas de soi.

Une fois que l’esprit est acéré, impartial, débarrassé des faux-fuyants, il faut donc aller au bulbe, au noyau, en voir, en concevoir les contours, et puis comprendre ce qui l’a généré. « D’où vient ce feu qui me consume, en trop, qu’est-ce qui l’a généré, pourquoi est-il là, furibond ? Qu’y a-t-il au fond de ces angoisses, qu’est-ce qu’elles me disent, que veulent-elles ? Ces démons, ces folies qui s’agitent en moi, que veulent-elles, que dois-je faire pour les libérer de moi ? Cette douleur qui me terrasse, que crie-t-elle, comment la libérer ? »

La solution à un mal réside dans son cœur, comme un message à l’intérieur d’une bouteille. C’est ça la vraie introspection. Je comprends que ce soit difficile. On peut y arriver par étape, un peu comme un long voyage à l’intérieur de soi-même.

Le Tour de Force

L’Ouverture de la Gueule du Lion, c’est à dire du métal rétracté, de la maladie.

Une fois qu’on a pu regarder le problème en face, qu’on a compris la dynamique, le karma qui l’a généré, eh bien, c’est là, qu’il faut franchir le Seuil. Qu’est-ce que j’appelle le Seuil ? Une limite de nous-même dans notre nature profonde, dans notre personnalité, et qu’il faut pourtant franchir. Avec l’idée de créer une Réalité meilleure, de se donner, de donner son énergie au monde pour le rendre plus sain, plus heureux. Au risque de mourir au besoin. C’est vraiment le saut dans la piscine.

C’est le sens du sacrifice du Christ (« Ne boirai-je la Coupe que Mon Père m’a donnée à boire ? »). Je ne dis pas qu’il faut systématiquement se sacrifier comme Lui, mais il a voulu se donner en exemple.

En fait, cette tendance négative que l’on a caractérisée, visualisée, et qui génère la maladie, il faut la faire aller vers son inverse, à 180 degrés. C’est cela qu’on appelle le Tour de force, la Transmutation. C’est changer la nature d’un matériau, d’un karma, dans son essence, comme le plomb en or. C’est avec cette énergie, cette intention je pense, que le Christ guérissait (évidemment je ne prétends pas faire aussi bien que lui, mais je pense qu’on peut essayer de lui ressembler).

Je parle beaucoup ici du Christ, mais pour les hermétistes chrétiens il représente justement ce processus, la Transmutation, l’œuvre au Rouge.

C’est ce qu’on appellerait en philosophie une inversion hégélienne, c’est à dire un revirement phénoménologique total de la nature d’une chose.

Si vous crevez d’angoisse, générez une activité qui demande du courage, si vous avez été humilié, soyez impérieux, imposez-vous; si vous avez été une victime, sortez le glaive, combattez. Si vous vous sentez menacé, défendez-vous.

Si la nature des choses est vide (pour faire référence aux philosophies orientales), il faut pourtant vivre la vie complètement, à 100%, assumer pleinement le fait d’être ici-bas sur cette Terre. Comme Arjuna sortant l’épée et combattant, après son échange avec Krishna. Nous ne sommes au-dessus de rien. Tant que vous repousserez cette réalité, la racine de la souffrance ne s’en ira pas.

Dès lors, si vraiment l’action juste est menée à son terme, si vous avez vidé les batteries, fait tout ce que vous avez pu pour rétablir les choses dans leur justice et leur justesse, alors normalement, la maladie se change en Force, la lumière y prend place, et vous n’êtes plus la même personne. Cela peut prendre du temps, évidemment, un Seuil ne se franchit pas forcément en une fois.

Il est dit dans L’Alchimiste de Paulo Coelho : « En définitive, c’est l’Action qui guérit. »

C’est l’ouverture de la gueule du Lion dans l’Arcane en question, lequel symbolise un métal rétracté, pour libérer tout son potentiel.

Nous vivons une époque extrêmement difficile, qui fut annoncée dans plusieurs traditions, et il faut arrêter maintenant de s’enivrer d’idées et d’émotions fausses et édulcorées, mais se confronter à la réalité pleinement.

Ab imo pectore.

Les 3 Œuvres (d’un point de vue thérapeutique)

Les 3 Œuvres (d’un point de vue thérapeutique)

Je vais parler ici des fameuses 3 Œuvres alchimiques dans leur dimension thérapeutique-pratique (pas laborantine : de laboratoire d’Alchimie).

Les amateurs d’hermétisme connaissent bien ce sujet, mais j’aimerais expliquer comment je le vis à chaque séance.

L’œuvre au Noir

L’œuvre au noir, qu’est-ce ? C’est l’expulsion du négatif. Elle est souvent représentée dans l’enluminure alchimique de manière assez macabre, par des cadavres en décomposition, des scènes de torture, des corbeaux…. Cet aspect volontairement anti-glamour exprime la remontée des fluides noirs, des énergies de maladie vers la surface, avant leur libération-expulsion.

Cela suppose donc un enlaidissement des apparences. C’est la grande vidange, si vous voulez. Ça pue, c’est désagréable, c’est moche…

Bien sûr, pendant un soin énergétique, ça se passe dans l’Invisible, les énergies libérées ne produisent pas d’odeur_ heureusement; sauf bien sûr pour un clair-olfactant (quelqu’un qui perçoit les odeurs des formes astrales, car oui elles en ont aussi. Toute vibration peut agir sur chacun des sens). On peut par contre souvent entendre des gargouillements venant du ventre de la personne, c’est un bon signe que « ça lâche », que de l’espace intérieur se libère.

Avec certaines personnes (cela dépend pas mal de la dynamique de leur vie), cela dure plus longtemps, ayant en elles plus d’énergies stagnantes. Les fluides noirs s’expurgent par endroits précis _souvent où je le décide_ comme si l’on perçait et dévidait une poche de poison, le flux s’écoulant vers le Divin pour s’y « recycler ».

Cela dure jusqu’à ce que les Corps subtils se soient suffisamment « vidés ».

L’œuvre au Blanc

Alors nos corps subtils se déploient comme des fleurs, permettant d’y laisser entrer la Lumière, le divin.

L’œuvre au Blanc vient ensuite (et avec; car dans une certaine mesure ces processus sont aussi simultanés). Les fluides négatifs sont remplacés par du frais, du lumineux, du neuf. Les corps subtils se remplissent de clarté et rayonnent. Pour peu qu’on soit sensible et réceptif à soi-même, on se sent plus léger.

C’est l’œuvre au Blanc car notre Esprit devient une page blanche, prêt à recevoir de nouvelles informations, du nouveau vécu.

On peut intercaler ici l’œuvre au jaune (Citrinitas), qui ne fait pas tellement partie des 3 Œuvres, et qui est une sorte d’œuvre au Blanc bis. En fait c’est l’énergie nouvelle captée par les corps subtils qui se structure, se solidifie, et devient du Masculin Sacré (cf. mon article dessus). Ça rayonne comme de l’or, c’est pour ça qu’on parle d’œuvre au jaune.

L’œuvre au Rouge

L’œuvre au rouge nécessite une énergie immense, primordiale, divine.

En troisième lieu, vient la fameuse Œuvre au rouge. Comment l’aborder ? Pour moi c’est l’essence du Christianisme. C’est la spiritualité vécue de manière essentiellement dynamique. C’est rouge parce que ça se fait avec l’énergie du magma primordial (« Le Feu Secret des Sages » pour les hermétistes, « La Kundalini » pour les yoghis). C’est le Feu de la Passion, à l’origine de tout ce qui existe, comme le magma terrestre l’est pour les continents.

Aucune grande entreprise, aucun dépassement de soi ne peuvent être entrepris sans Lui. Lorsqu’il se libère dans les corps subtils, il se visualise vraiment comme de la lave, rouge-vif, brillant de Vie. Il vient vraiment des profondeurs de l’être (précisément du Chakra racine). C’est la divinité à l’intérieur des choses, dont parle le Christ il me semble à plusieurs reprises (« Le Royaume des Cieux est semblable au levain dans la farine…. » Mathieu 13 : 33) Ce qui explique à la base le caractère assez incandescent et vivant du Christianisme, loin d’être quelque chose d’un peu bobo-endormi et gentillet.

L’œuvre au Rouge, c’est donc quand notre énergie vitale primordiale, présente au fond de nous-même, remonte, se manifeste et travaille en nous. Et potentiellement rien ne lui résiste.

C’est ce que symbolise le sang du Christ dans la quête du Graal, qui contient tellement d’énergie qu’il guérit _dit-on_ toute maladie.

Cette énergie qui vient de la terre, qui est Dieu incarné, actif, créateur, provoque d’abord un genre d’abord de purification par le feu, car elle expulse et brûle les vieux programmes incrustés (les vielles structures énergétiques, comme de vieux matériaux, visibles au clairvoyant) avant de générer une nouvelle dynamique, créant souvent un changement radical dans la vie de la personne.

Lorsque cette Transmutation (c’est bien de ça qu’il s’agit) est actée, ancrée, elle génère un sentiment de Force immense, même physique, comme si l’on pouvait (évidemment il ne faut pas rêver non plus) soulever des charges incroyables !

Une spiritualité qui n’inclue pas en elle l’œuvre au Rouge, l’Amour donc, ne peut résoudre les problèmes fondamentaux, comme celui de la Souffrance (Dukkha pour les Indous) ou de la vie et de la mort.