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« Dans des profondeurs où l’homme ne va pas. »

Victor Hugo

Il est très difficile d’aller en soi-même.

Cette société hystérique du selfie nous pousse vers les expériences diverses, non pas pour trouver la substance elle-même de ces premières, c’est à dire du vécu, du ressenti, de la ressource… mais pour ce que la communauté, les autres, pourront en voir.

En fait les autres ne sont dès lors plus que des spectateurs.

J’ai vu des personnes pratiquer la méditation depuis 10, 20 ans … encore incapables d’aller en elles-mêmes, totalement effrayées par ce monde mystérieux et incertain qui se trouve à l’intérieur, comme si c’était une jungle aux créatures atroces.

Ils pratiquent un genre d’auto-hypnose, se mettent dans un état agréable, lumineux, confortable… Mais dès que quelque chose semble remuer en eux comme pour les déranger, ils sautent sur autre chose.

Ils restent accrochés aux formes, aux phrases, au bons sentiments… Ce sont les champions des bons sentiments. Et bien souvent au final c’est souvent ceux-là qui manquent le plus de compassion.

 Pourtant où sont les ressources, où est l’essentiel ? A l’intérieur.

Pourquoi l’Homme fait-il la guerre depuis la nuit des temps ? Principalement pour les ressources, pour ce qui se trouve à l’intérieur du sol.

Qu’est-ce que j’appelle les ressources ? Les énergies repliées à l’intérieur de nous, dont le destin est de se manifester un jour.

Or quoi ? Eh bien oui, elles sont le plus souvent cachées, recouvertes d’obscurité. A tout trésor son dragon, ! Donc si on refuse d’aller en soi-même, on n’aura au final plus rien de substantiel à donner au monde.

On se répétera, on jouera, on fera du superficiel, de l’inconsistant…

Je trouve que c’est un peu le cas de la culture audiovisuelle actuelle, en tous cas celle qu’on voit sur les grandes ondes : dans les films toujours plus ou moins les mêmes scénarios, dans la musique toujours plus ou moins les mêmes rythmes avec des mélodies mièvres et insipides, quand celles-ci ne sont pas des reprises…

C’est vraiment le drame de notre époque, l’incapacité à se scruter, à voir ce qui vit en soi-même. Tous nos problèmes, je pense, nos grands problèmes de société, viennent de là.

Dès qu’un karma négatif (maladie, douleur, émotion négative..) nous travaille et persiste, il faudrait pouvoir aller l’interroger, comprendre ce qui l’a mis en marche, l’impulsion qui l’a animé.

Dans certaines voies spirituelles, on dit qu’il faut laisser les choses négatives se défaire d’elles-mêmes, laisser passer…

Mais en fait ce n’est pas toujours vrai, parfois il faut justement aller à la rencontre de ce problème. Parce que derrière ce problème il y a une solution. Et cette solution permettra de révéler une nouvelle dimension de nous-même, une ressource.

C’est comme une pierre précieuse recouverte par sa gangue, son magma. La maladie étant la gangue, et la pierre la ressource. Parfois cela demande beaucoup de travail d’aller déloger la pierre.

Ici, une émeraude ceinte de sa gangue. La gangue, c’est la maladie, la pierre, c’est la Vérité qu’elle cache.

La maladie est donc manifestée par ce besoin d’exister de cette ressource à l’intérieur de nous, de l’exprimer. Mais comme nous lui faisons de l’ombre, nous refusons de la laisser se manifester, de l’accepter dans notre champ de réalité, elle le fait de manière traumatique, elle génère un problème.

Comme le disais Jésus « toute chose cachée doit un jour sortir à la Lumière ». C’est d’ailleurs, pour moi, ce qui marque le plus la différence (pour faire un peu de philosophie), entre paganisme et christianisme.

Dans le paganisme, l’ombre reste dans l’ombre. Il y a des dieux inférieurs, supérieurs… Un démon y reste un démon, chacun sa place. Dans la vision chrétienne, toute chose existante a un jour la possibilité de devenir meilleure, de monter en vibration… C ’est le sens de la rédemption.

Jésus libérant les damnés des Enfers. C’est ainsi que nous devons procéder avec nous-mêmes. Libérer nos forces cachées, emprisonnées, pour les faire remonter à la Lumière.

La vie, tout le long du chemin, nous envoie des maladies pour nous forcer à révéler de nouvelles parties de nous-mêmes, de nouveaux chapitres.

C’est ainsi.

Mais alors comment descendre en soi-même , comment comprendre le sens des maladies ?

Je pense que c’est vraiment la médecine de l’avenir. Si on arrive à faire ça, on sera beaucoup plus autonome. Ce qui n’empêche pas évidemment qu’on aie besoin d’une médecine extérieure, nous avons évidemment une dimension mécanique.

Je pense que l’introspection est en fait une pratique très ancienne, présente dans toutes les cultures traditionnelles.

Dans les tragédies classiques, les monologues sont en quelque sorte de ces moments-là. Le héros s’arrête, au milieu d’une action souvent très intense, (trahison, complot, agitation politique…), et se questionne, se sonde. Il essaie de savoir ce qu’il veut vraiment, ce qui vibre en lui-même, et par là même peut aborder le Réel avec plus de lucidité, prenant la meilleure décision.

« Rentre en toi-même, Octave, et cesse de te plaindre » Auguste va-t-il accepter de gracier Cinna, bien que ce dernier ait voulu le faire mourir ? Cet alexandrin en tous cas, tiré du Cinna de Corneille, illustre bien l’attitude à avoir en ce cas.

La méthode

Alors comment fait-on ?

Eh bien d’abord, il faut arrêter toute activité. On peut avoir des moments de lucidité en marchant ou sous la douche, d’accord, mais je pense que pour vraiment rentrer en soi-même, il faut être immobile et inoccupé. Pas de perturbation extérieure. Donc le lieu et l’heure sont importants.

La dernière Fable de la Fontaine parle de la nécessité de s’isoler pour se connaître soi-même. Ici, deux frères ayant fait leur chemin dans le Monde, vont rejoindre leur frère devenu ermite.

« Qui mieux que vous sait vos besoins ?
Apprendre à se connaître est le premier des soins
Qu’impose à tous mortels la Majesté suprême.
Vous êtes-vous connus dans le monde habité ?
L’on ne le peut qu’aux lieux pleins de tranquillité :
Chercher ailleurs ce bien est une erreur extrême.
             Troublez l’eau : vous y voyez-vous ? »

La Fontaine (Livre XII, Fable 25)

Cette Fable de la Fontaine est la toute dernière, et peut-être le message le plus important qu’il ait voulu laisser aux hommes.

Dans cette situation, l’eau désigne évidemment notre esprit.

Les instants où notre esprit est vraiment délié de ses illusions sont rares et brefs. Il ne faut pas les gâcher.

Alors on se pose, sans la possibilité d’être dérangé, dans un endroit qui convient. Ça peut être chez soi. On peut s’asseoir en lotus comme pour méditer, ou en demi, tailleur, ou simplement le dos droit. Ce n’est pas un méditation en tant que telle, le but n’est pas de couper avec les problèmes du quotidien, mais plutôt de mieux les résoudre, de déceler la vérité au fond du tourbillon.

On peut commencer par prendre quelques minutes pour respirer, laisser décanter son esprit. S’il est trop encombré, obscurci, ça va être difficile de le sonder.

Le Bouddha compare l’esprit à un acrobate, un gymnaste qu’il faut entraîner, pour plus tard lui confier des tâches plus délicates. C’est pour ça que, dans tous les cas, je conseille d’avoir une pratique méditative régulière, hebdomadaire, voire quotidienne. Cela donne une bonne base.

Donc passées ces prémices, comment faire ?

La visualisation

Il faut d’abord localiser le problème. Que ce soit une maladie physique ou un sentiment négatif, il a nécessairement un point d’accroche dans le corps. C’est comme ça qu’on va pouvoir dialoguer avec. C’est souvent associé à un organe clé. Comme l’explique bien la MTC, chaque organe est un monde émotionnel.

Ensuite donc, le visualiser, le caractériser : si cela avait une forme, quelle serait-elle ? Est-ce mouvant ou fixe ? Quelle couleur ?

Une fois que j’ai bien caractérisé le problème, le karma, je « rentre dedans ».

  Ce n’est pas évident puisque, par définition, il résiste. C’est une Réalité dense (c’est justement pour ça qu’elle crée des problèmes) et en cela elle est difficile à pénétrer. Sans faire de mauvais jeu de mot, cela demande évidemment une certaine virilité spirituelle.

C’est là que se manifestent les résistances, les barrières de l’inconscient. Dans la mythologie grecque, elles sont représentées par le Cerbère, le chien des Enfers.

Le Cerbère, gardien des portes de l’Inconscient.

Les Enfers, l’Hadès, représentant le subconscient, le monde non éclairé par la lumière du conscient. Il faut regarder nos Cerbères en face, pour les dissoudre comme de la neige au Soleil.

Le Cerbère et l’Hermite. Ce dernier est vraiment le symbole de la recherche introspective. Il avance pas à pas aidé de son bâton, et génère dans l’obscurité sa propre lumière.

Des manifestations traumatiques peuvent avoir lieu, des images horribles apparaître, des odeurs…

Ce n’est pas grave, il faut continuer. Peu à peu, la lumière de notre esprit prend de l’espace, et « chasse » en dehors ces pensées, émotions dérangeantes…

Ensuite il faut essayer de trouver la source du problème, un peu comme on remonte à la source d’un fleuve. Il peut y avoir beaucoup d’espace entre le symptôme et son origine, la cause de la maladie (par exemple pour les reflux gastriques : c’est ma gorge qui est irritée mais c’est mon estomac qui s’enflamme, bien que je ne le sente pas.)

La Source n’est pas toujours évidente à retrouver, elle est souvent cachée.

Ce n’est pas évident, il faut progresser dans ce qui résiste.

Jusqu’à ce qu’on touche la cause, ce qu’on appelle l’esprit de la maladie. En fait c’est quelque chose de lumineux, positif. C’est la gangue qui s’est accumulée autour qui crée la maladie. Mais l’esprit de la maladie est lumineux, comme une gemme, il rayonne, il contient une vérité.

On peut le visualiser sous la forme d’un esprit, d’une créature féérique… L’important est de pouvoir communiquer avec lui. On entre en Samadhi avec cette énergie, notre esprit fusionne avec.

Et là, l’esprit nous donne des informations. Il nous renseigne sur des besoins tellement profondément enfoncées en nous qu’on les a oublié. Avec moi ils communiquent plutôt par images, images symboliques qui doivent être traduites en réalités. C’est comme ça que j’obtiens des informations sur l’origine des problèmes des personnes que je suis. Mais comme je le dis, ce n’est pas évident, c’est un langage énigmatique qui demande d’ouvrir son cœur et de se faire confiance.

Une fois qu’on a compris les messages, c’est l’action qui doit suivre. Il faut mettre en œuvre ce que notre inconscient nous préconise sans quoi le conflit à l’intérieur ne peut être résolu. Comme disait Saint Paul, « la Foi n’est rien sans les Œuvres ». C’est à dire qu’une Voie spirituelle se trace justement dans la réalité qui nous entoure, pas de manière séparée.

Bien sûr, on peut s’aider avec des produits, en faisant de la kiné… Mais si c’est un problème persistant, la cause profonde doit être comprise.

Après, les choses vont se libérer peu à peu, mais ça peut prendre du temps. Une maladie peut cacher plusieurs problématiques existentielles.

Normalement, après, on est plus tout à fait la même personne, on ne vibre pas pareil.

Donc vous imaginez, ce cheminement là, il faut vouloir le faire…

Comme le dit Hegel, « La Chouette de Minerve prend son envol au crépuscule ». C’est à dire que la compréhension vient rarement au milieu des événements et de l’agitation, mais plutôt après, dans le calme et la demi-pénombre.